[RP] Carte sur table !

Admin Messages : 1944 Date d'inscription : 07/04/2012

Missanges a écrit:: [La veille]

Après plusieurs jours de labeur, la taverne pouvait recevoir ses clients, certains seraient fidèles, d’autres pas, ainsi va la vie.
Main posée sur le comptoir la Miss balaya du regard l’ensemble de la pièce à la recherche d’une faute de goût, rien, tout était parfait.
Demain les amateurs de ramponeau où de tarentelle pourront tester le nouveau cercle de jeu cartes au bout des doigts.
C’est ainsi qu’escortée par les tons empourprés du crépuscule que la Miss rejoignit sa demeure repensant encore à la naissance de ce projet. Un sourire vint étirer ses lèvres voyant son ptit brun gagner encore et encore chaque partie disputée. Elle avait décidé de prendre un cours m’enfin elle savait très bien que le chiffre un serait utopiste et que plusieurs leçons seraient au programme afin de le gagner, lui, l'homme de sa vie. La nuit emporta ses rêves et les cartes défilèrent…

[Jour J]

L’après-midi touchait à sa fin, pourtant le ciel avait gardé la même couleur tout au long de la journée. Pas un seul rayon doré n’avait franchi la barrière de ces nuages menaçant. Au loin un bruit résonnait, s’amplifiait et parfois un éclair furtif arrivait à transpercer ces cumulus noirâtres liant terre et ciel dans un tonnerre assourdissant.
La rivière caillouteuse elle –même semblait nerveuse.

C’est dans un fracas assourdissant dont l’écho amplifia le volume que le premier nuage céda sa quantité de gouttes contenue depuis tant de temps.
De grosses larmes se mirent à tomber. Ces mêmes perles d’eau qui allaient abreuver ou bien noyer nos cultures déclenchant sans doute une surabondance. Il en était ainsi, l’orage n’était pas une bénédiction pour tous.

Mais cette grâce pouvait devenir divine pour les affaires. Les gens chercheraient à s’abriter le temps de l’orage. C’est dans cet esprit que descendant la ruelle menant aux tavernes, je regardais les habitants courir cherchant des abris de fortune surpris par la force de cette perturbation atmosphérique. Une femme tirait le bras de son enfant opposant une résistance passagère afin de jouer dans une flaque naissante… Vlamm !
L’encouragement se fit cuisant sur la joue de celui-ci dont les yeux ne cherchèrent pas les miens. Tandis que des larmes prenaient possessions des cils battants de l’enfant la mère hurlait au scandale d’une paire de chausses récemment achetées.

Plus aucun bavardage d’une fenêtre à l’autre, seulement le bruit des gonds rouillés émettant un grincement en se fermant.
Le panneau de bois constituant la porte de la taverne Carte sur table se dessina comme une aubaine et s’ouvrit lorsque ma main abaissa la poignée.
Une musique emplissait la pièce se mêlant au vacarme d’un flot de paroles des personnes présentes dans ce lieu discutant devant le comptoir.
Mes yeux se portèrent sur les tables et je le vis, lui mon professeur, attendant son élève. Il avait intérêt à être bon au vu exorbitant de la leçon mais le challenge était de taille fallait que je gagne au moins une fois mon nouveau barbu !

Je pris place sur la seconde chaise vu qu’il occupait le premier siège sans doute sa place fétiche !
Le croupier me reconnaissant me salua profondément. Je fis de même et ma bouche s’ouvrit afin de lui demander des nouvelles de sa famille mais mon partenaire parla

- Cave !

Mes yeux le dévisagèrent un instant, puis se reportèrent sur le croupier me regardant,

- Il a dit cave Léon

- Oui Patronne

Je m’interrogeais tout de même sur ce croupier, il n’était pas sourd et ne bougeait pas d’un iota faudrait sans doute que j’aille chercher une bouteille moi-même. Quand je le dis que tout se perd ! La chaise émit un grincement de même que ma mâchoire et je descendis à la cave prendre une bonne bouteille. Je repris ma place posant la bouteille sur la table devant les yeux étonnés du croupier qui évita mon regard. Va même falloir que je serve…
La voix du professeur s’éleva

- Lorsque nous employons le mot cave Miss, en terme ramponneau cela signifie notre réserve d'argent.
Le montant que l’on s’alloue pour la soirée et l'endroit où ira se stocker l'argent que tu vas gagner, si tu gagnes bien entendu …

Mon regard croisa le sien puis revint à la bouteille sur la table, c’est fou ce qu’on peut se sentir seule parfois…
Sûr que c’est pas gagné …

Admin Messages : 1944 Date d'inscription : 07/04/2012

Missanges a écrit:: Et voilà, seulement deux phrases employées et tout le poids du monde sembla tomber sur mes épaules. Mon regard toujours fixé sur cette bouteille dont mes yeux auraient bien pulvérisé le verre, mais comme pour me tenir tête celle-ci restait parfaitement droite.
C’est à ce moment là qu’une ritournelle me revint en mémoire s’insinuant dans les méandres de ma cervelle comme un rire sans fin…
Avec ma p’tite bouteille j’avais l’air d’un con ma mère, avec ma p’tit bouteille j’avais l’air d’un con…

Un silence pesa soudainement dans la taverne, la musique s’était figée sur une note dramatique, les paroles des consommateurs semblèrent suspendues au bout de leurs lèvres, j’eus l’impression que tous les regards convergeaient vers ma personne.
*si j'avais su, j'aurais pas venu !

Cave. Cave de 50 écus.

Vas-y qu’il en rajoute, sûr qu’il le fait exprès de dire deux fois cave comme si une fois ne suffisez pas.
Mon regard délaissa la bouteille de toute façon je n’allais pas la regarder toute la soirée, fallait bien l’affronter et commencer la partie !
Mes yeux croisèrent les siens, mes iris se fixèrent dans ses prunelles, je sentis cette lueur d’interrogation, celle qui anime les yeux curieux. Essaye t’il de savoir si je suis novice à ce jeu ou si j’ai fais intentionnellement d’aller à cette satanée cave. Ma voix sembla venir de loin elle me surprit par sa netteté et sans aucun tremblement, j’annonçai

- Cave de 50 écus.

Après tout un jeu de ramp ce n’est pas celui qui bluffe le plus !

Le voile de silence suspendu momentanément se retira lentement glissant imperceptiblement sur ces personnes figées, la vie reprit subitement dans la taverne. Hommes et femmes aux habits raffinés reprirent le fil de leur histoire. Les serveuses déambulaient autour des tables portant haut le tableau garni de chopes rutilantes. Une danseuse tournait autour d’une barre verticale captant tous les regards des hommes…
Sauf celui de mon partenaire dont seule la vue des cartes le passionnait, fallait ruser pour le distraire si je voulais gagner la partie sans y laisser trop de plumes !
La taverne carte sur table n’était pas parmi les plus voyante de la ville. Ce n’était pas le bistrot qu’on voyait de loin, il fallait descendre un peu plus la ruelle et passer celles qui étaient plus réputées et pour cause la Miss n’y faisait pas de pub, pas de promotion de son établissement pourtant très raffiné.
Le croupier entra en action et distribua deux cartes à chacun, j’aurais bien donné un dessous de table à ce moment là afin de savoir quelles cartes avait eu mon adversaire et accessoirement professeur !

Mes yeux s’écarquillèrent sur deux as que tenait ma main, le rouge semblait de mise. Le cœur et le carreau se confondaient devant mes yeux tandis que j’essayais de ne rien faire paraître. Le sang afflua plus vite dans mes veines tapant contre mes tempes. Ne rien faire paraître, faire semblant de ne rien avoir. Pinaiiiiiise, ce que cela va être dur !
J’avais déjà une paire dans les mains, c’est à dire deux cartes de même rang

Maintenant fallait miser faire style que j’avais rien ou pas grand-chose j’avançais 5 écus sur la table constituant le pot

- Parole

Hummm, frileux, malin ? Toujours est-il qu’avec ce terme il continuait la partie sans devoir miser encore un radin…

Et le croupier distribua une autre carte à chacun
Un as de pique vint sur le tapis, je mordis ma lèvre pour ne pas crier de joie, j’allais peut être plumé celui que j’avais engagé pour me former. Dommage que Jeroen n’était pas mon adversaire à ce moment là, j’aurais pu avoir une chance de gagner cette fois !!

Brelan ! J’avais trois cartes de même rang, évidemment je relançais la mise d’une somme plus importante et j’entendis

- Je passe

Mes doigts exercèrent une pression de déception sur mes cartes sans déconner j’ai un brelan en main et il passe ! C’est quoi ce petit joueur…

• La guerre des boutons !
Georges Brassens revisité

Admin Messages : 1944 Date d'inscription : 07/04/2012

Missanges a écrit:: Mes yeux décrivirent sans cesse la même trajectoire. Un regard sur la table où s’étalait fièrement l’as et un coup d’œil sur les cartes que je tenais en main. De multiples combinaisons passèrent en tête, j’échafaudais soudainement divers plans ‘ramponnien ‘
Si l’autre as se pointe je vais avoir un carré, si…
Il était là, sur la latte de bois semblant me narguer restant de marbre sur la table.
Pourtant la voix de mon adversaire résonna s’insinuant dans les méandres de mon cerveau…

Passe !

Le battement sourd du sang dans mes oreilles fut soudainement plus fort que la voix venant de mettre fin à toutes mes possibilités. Sans le vouloir mes jambes avaient dansé une danse de victoire sous la table au son d’une musique imaginaire. Lui était resté de marbre, ne laissant rien paraître. C’est ainsi, que se démarquent les grands joueurs.

Tel un chat s’amusant de sa proie, il s’était délecté de ma joie, savourant les signes me trahissant, se gargarisant de la novice face à lui, sachant qu’un seul mot allait ruiner une potentielle victoire.
Tel un félin il avait bondi et de sa voix placide avait mis fin à mon excitation, ma sensation d’avoir gagné la partie avant même qu’elle ne soit engagée, de cette éventuelle chance de remporter le jack pot !
* ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

Ma langue humecta mes lèvres, mes yeux se posèrent sur les siens, c’est à cet instant que je sentis un parfum. Une présence, une silhouette se découpa dans le coin de la pièce s’avança vers la lumière de la table.
Relâcher la tension, quelle aubaine pour moi il suffisait seulement de se "lever" et le croupier suspendait le jeu, une pause....
Le barman servit deux Bordeaux
Le croupier paya mon gain qui s’élevait à 0,30 écus, je vis un sourire se dessiner dans le coin de ses lèvres.

Le plus con dans cette histoire c’est que je paie un prof pour affirmer ma nullité !

*Le Cid de Pierre Corneille

Admin Messages : 1944 Date d'inscription : 07/04/2012

Missanges a écrit:: La nuit allait être longue mais dire à une bretonne de naissance de lâcher l’affaire, pas question. Les règles seraient apprises et qui sait je finirais par gagner une seule fois mon p’tit brun !
Le jour baissait et soudain les tables furent éclairées par des lumières. Les cartes semblèrent danser devant mes yeux, mais aucune combinaison ne se forma.

Je baissais les yeux pour apprendre en cachette le vocabulaire ramponnien posé sur mes genoux.

Le côté rébarbatif vint en premier exprimer à mon cerveau l’inutilité d’apprendre la futilité de ce jeu de cartes. Mais très vite, ce premier état disparu pour faire place à cette curiosité naissante, celle de connaître ses règles approfondies et pourquoi pas, obtenir les palmes de la victoire.
C’est ainsi qu'à une heure avancée de la nuit le professeur proposa de doubler notre mise. Le dilemme était là, suivre ou ne pas suivre telle est la question.
J’avais rien, que dalle. Il avait quoi lui !
Un profond silence se fit dans la taverne, les autres joueurs avaient laissé leurs cartes pour venir faire cercle autour de nous. L’air devenait irrespirable, le sang dans les veines de mes mains sembla se rétracter pour monter sur mes joues soudainement en ébullitions.
Bluffer fallait bluffer mais je risquais de tout perdre la somme faisait un tas indécent et tout perdre n’était même pas envisageable.

Passe !

Un poids sembla disparaître au fond de moi par cet extraordinaire mot et même les flammes des bougies vacillèrent.
Sans déconner si lui peut dire passe, moi aussi…

Admin Messages : 1944 Date d'inscription : 07/04/2012

Cecile34 a écrit:: Cécile suivait la partie, ben oui chaque fois elle se faisait plumer...Donc là en suivant elle espérait bien plumer ses adversaires