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 [ RP Fermé] Une vie ! Un secret ! ( 11 octobre 1460 )

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[ RP Fermé] Une vie ! Un secret ! ( 11 octobre 1460 ) Empty
MessageSujet: [ RP Fermé] Une vie ! Un secret ! ( 11 octobre 1460 )   [ RP Fermé] Une vie ! Un secret ! ( 11 octobre 1460 ) Icon_minitimeMar 23 Oct - 8:32

Missanges a écrit:
Mon origine !

Je suis née au mois d’avril de l’année 1437, un jour avant la saint Paterne, quelques jours avant Beltain.
Cela explique peut être, pourquoi je me sens proche d’Aristote et proche de la nature et de la mère…
Cela explique peut être, pourquoi mes cheveux sont flamboyants, en signe du feu qui sera mon identité…Bien plus tard…

De ma naissance biologique, je garde quelques bribes de souvenirs lointains qui me hantent les nuits de cauchemars ou de doutes. Des d’images fugaces sortant des méandres de mon esprit, où, redevenue une petite fille, je suis maintenue par des cordages rêches sur le pont d’un bateau. Une voix inaudible féminine, sans doute ma mère, me susurre ‘’survis ma fille’’
L’embarcation craque de bâbord à tribord, essayant tant bien que mal de résister aux innombrables assauts de boules de feu fusant de toutes parts. Le bois éclate faisant jaillir des gerbes d’eaux ouvrant le ventre flottant de la coque. Les éclairs foudroient le ciel, les canons du bateau adverse martèlent la frêle ossature de l’embarcation, tout n’est que tonnerre et déchirement. Le ciel et la mer semblent s’enflammer dans un feu d’horreur. Des cris rauques effrayants résonnent dans la nuit, l’Ankou est là, rôdant de ses doigts crochus, fendant l’air de sa longue faux. Des ombres gigantesques prennent possession du bateau, prennent possession de mon esprit…


Après l’orage, l’éclaircie… Le sable de Kastell…

Mon corps fut rejeté par les vagues sur le plus fin et le plus parfumé des sables des côtes bretonnes. La plage de Saint Pol de Léon, Kastell Paol !
Je fus ramenée au village dans les bras d’un pêcheur et je fus confiée au soin des trois ancêtres qui constituaient l'âme de ce village.
Mahestine l’aînée maniant habilement le battoir à beurre commandant depuis la nuit des temps ses deux sœurs, Soizig et Ambroisine. Très vite elles devinrent pour moi mes Mamettes, ma famille.
Missanges a écrit:
Une famille, un nom…

Dans la plus grande insouciance, les années passèrent. Les Mamettes me disant sans cesse de m’investir dans le village, je repris le poste de tribun vacant. J’avais enfin une raison valable pour traîner en taverne.. Mentir honorablement ! Dire aux ancêtres que j’allais en taverne pour le travail, tout le monde sait cela, un tribun va uniquement en taverne pour accueillir les nouveaux venus, et non pour boire !

En ce temps là, la taverne de la marée basse accueillait la bande d’adolescents que nous étions et nous découvrions chaque soir, le ramponneau, la prunàvampi et les premiers baisers. Mon premier flirt fut Nattan d'AelSool parent du célèbre Kurios une famille de noble. Cependant, si la jeunesse est innocente, la vision de la famille l’est beaucoup moins. Et celle-ci ne vit pas, ce baiser sous le même angle. Nattan fut envoyé à Rieux, afin de ne pas fréquenter une gueuse. Je ne devais jamais le revoir et ce simple baiser devait changer le cours de mon histoire…

C’est ainsi que germa dans la tête de Nattan l’idée de me trouver une ‘bonne famille’ afin de m’épouser. Sur ses conseils j’écrivis à sa marraine Mirwen de Brignac dicte la veuve noire.
Une correspondance s’ensuivit entre cette grande dame et Nattan. Je fus adoptée par le plus célèbre couple atypique de Bretagne.
L’homme aux collants verts ! Peterpan31 devint mon père légalement et Mirwen de Brignac ma mère. Célèbre vicomtesse de Ploërmel, autant réputée pour son caractère bien trempé que pour son dévouement à la Bretagne.
Mais Nattan fatigué moralement par tout cela, décéda un soir à Rieux.



Château de Ploërmel, demeure des Brignac-Kerdren

Je me souviens du voyage comme d’une route sans fin éternellement longue. Excitée et terrorisée à la fois, l’esprit gambadant aisément, pensant à cette famille que j’allais découvrir. Accoudée à la charrette je regardais le paysage défiler, les prés, les vaches frappées d’interdit à cette époque là. L’air frais me faisait du bien, soulageant mon mal de tête, de trop penser ou d’avoir trop bu la veille…L’histoire ne le dira pas.

Comment allait être le premier contact ? Je savais la fille de ma mère redoutable, détestable. Je me souviens de mon arrivée, de ce grand hall vide, de ce château gigantesque. Aucun comité d’accueil, aucune présentation, aucune réception, rien. Je me souviens avoir vu ma sœur descendre les marches de l’escalier dans une robe ravissante, toiser la mienne mainte fois portée, maintes fois lavée…
-C’est toi, la fausse Brignac ?

Le ton était donné, ainsi va la vie, on ne mélange jamais les torchons avec les serviettes..
Je fus seule, mon seul refuge fut la bibliothèque du château où je m’évadais entrant dans la peau du personnage devenant quelqu’un…être où ne pas être…

C’est sans doute à ce moment là, que je pris en charge les archives de ma ville de kastell, me rendant utile comme je pouvais, avec le peu de connaissances que j’avais. Et c’était vite vu ! J’avais passé le plus grand de mon temps en taverne ou dans les rues de mon village, mais jamais sur les bancs de l’école. Je savais tous les sentiers menant aux plus merveilleuses criques secrètes de Kastell, je savais pêcher la crevette à main nue, passant des heures à regarder celle-ci dans l’eau verte sachant d’avance qu’elle irait rejoindre ses compagnes et que les aînés en feraient une poêlée que nous dégusterions en suçant nos doigts tant cela était bon. Mais dans ce monde là, fallait faire bonne figure autrement les réflexions fusaient…

Je fuyais cette sœur dont le mot détestable était si faible, je fuyais ma mère ne voulant pas la mettre en porte à faux. Cela sera bien des années après en devenant adulte chacune à notre tour, que l’une et l’autre comprendra la souffrance de l’autre, et qu’une main sera tendue…
Missanges a écrit:
Mon père !

Il fut la douceur dans ce monde de brute. Mon repère, mon confident, me poussant sans cesse à m’investir, à me dépasser, trouvant toujours les mots, comme lui seul sait les dire, posé et percutant, aucune fioriture seulement l’essentiel. Les jours passant nous rapprochèrent de plus en plus.

Je pris la fonction de crieuse et je connus ce monde d’amis dans un bureau où chacun donnait son rapport d’informations sur sa ville. Une bande de copains avec de franches rigolades, controlée par le prime communicant. Encouragée par cette ambiance, j’entrai dans le bureau de la Culture. Réunir les Bretons et les faire participer aux animations fut ma seule idée. Changer les habitudes de cette culture que personne ne connaissait tapie au fond d’un bureau éloigné de tous. Rajouter des animations autour des événements culturels afin de toucher le plus de monde. Et, je fis le tour de cette merveilleuse Bretagne charrette en main, essayant de faire sortir les Bretons de chez eux. Je crois que c’est à ce moment là que je connus le plus de monde me faisant des amis de toutes parts de Bretagne.

A mon retour, ma mère était morte ayant laissé toute sa fortune et ses biens à ma sœur Maewenn. Peut être n’avais- je jamais compté pour cette femme que j’appellerais toujours ma mère. Je garde peu de choses d’elle, le souvenir d’une robe noire dont la traîne s’envole avec le vent jouant de ses volants et quelques lettres. Mère une fois, mère de cœur une fois… J’avais tout de même été dans son cœur…

Malgré cette souffrance au cœur, je ne me plaignis jamais, ni émis une seule critique. Ma mère m’avait adoptée c’était mon plus grand héritage. Ce décès éclata définitivement notre famille. Ma sœur resta au manoir de Ploërmel chapeautée par son Altesse Riwan dont ma mère était sa vassale, tandis que mon père perdant son statut de vicomte consort et moi en étions expulsés. Je sus plus tard, qu’il m’aurait fallu écrire une lettre pour rester dans ce château…Mon père était tout pour moi, je le suivis…
Missanges a écrit:
Le moulin des Kerdren !

Les ailes du moulin des Kerdren se remirent en marche. Une fine poudre blanche de farine se mélangea à l’odeur iodée et de prunàvampi du ciel de Kastell. Je devins boulangère afin d’être encore plus proche de mon père, lui était meunier. Une vie à deux commença entourée par la tendresse des Mamettes. Il fallut remettre en état le moulin en ruine, mon père souvent absent, je fus souvent seule pour l’entretenir le portant à bout de bras. Il fut mon moulin…

Je me lançais alors dans la vie associative de ma ville, prenant des fonctions évoluant. Mes seules distractions se passèrent sur un terrain de sport jouant à la soule, aidant de mon mieux le capitaine Blotus, à faire connaître ce sport. L’équipe était constituée de Léonards, femmes et hommes se retrouvant sur le terrain afin de passer de bons moments conviviaux. Les supporters étaient nombreux et les tavernes de la ville souvent pleines. Une troisième mi-temps refaisait alors, le match disputé dans de grands fous rires.

C’est quelques mois après, que j’appris par mon père que Blotus était en fait le fils de notre famille, un enfant de l’amour que la guerre avait séparé. Nous nous soudâmes, la vie était belle, le moulin tournait joyeusement, nous étions heureux. Je lançais une grande fête au moulin afin de célébrer cela. C’est au cours de cette fête que je le connus, Nekkronn ! Il me fit découvrir le monde des étoiles le soir sur la plage de kastell, il m’apprit le nom de chaque constellation et je l’épousai malgré sa maladie croyant pouvoir apporter un remède à ses maux. Peine perdue l’Ankou le prit un soir de grand froid.

Ce fut sans doute par souci d’oublier ce malheur que je répondis dans l’affirmative à mon père, lorsqu’il me demanda de rejoindre la liste Bret !
Une première pour moi, j’étais au côté de grandes personnes les écoutant haranguer la foule, expliquant leurs idéaux. Je fendais la foule proposant un bretzel ou un verre de Prunàvampi, notre stand était tranquille sans doute dû à la Prune, tandis que les deux autres stands étaient beaucoup plus animés sous la houlette d’une Leyah et d’un Thoros.

Et je fus Porte-Parole, ne sachant pas alors que cela serait ma fonction de prédilection…
Je connus le monde politique. Les tractations autour d’une table afin d’élire un duc parmi les douze membres élus. Chaque membre des trois listes s’associant aux autres afin de faire tomber la proposition adverse. De la politique à l’état brut..
Je mis le pied à la fonction de Porte-Parole croyant tous ceux qui m’avaient dit, ce n’est pas compliqué, tu fais, présentation du conseil, bilan mi-mandat et bilan fin de mandat. Et basta !
Je connus l’envers du décor idéal d’un conseil ducal, d’ailleurs y a t’il un idéal…
Chaque mot était repris pour une faute d’orthographe par l’équipe n’ayant pas obtenu la’ place’, j’étais apostrophée en place publique afin de justifier un tas de choses que je ne savais pas ou dont je n’étais pas au courant, subissant au sein de ce conseil des mots d’oiseaux…Rien ne me fus épargné.

Et doucement je me fis une carapace, restant polie et courtoise, restant fidèle à ma façon de penser et j’appris ainsi, courant sans cesse dans tous les bureaux, crieurs, culture, rapport, afin de tout savoir, afin de bien faire. Encaisser les coups bas, encaisser la mort de ceux qui partaient autour de moi…
Missanges a écrit:
Le Gwenn Ha Du !

Peut être l’époque du rêve, un rêve énorme,‘Bretanesque’ou chaque membre devait apporter son savoir à l’autre.

C’est ainsi que le rêve prit forme, un jour du 17 juin 1458, mon père et son fidèle ami Joeboy trousseau de clés en main se dirigèrent, vers un édifice, un antre de rencontre et d’échange.

Chacun emmena ses amis refaisant à la lueur des chandelles, une Bretagne idéale. Je m’investis complètement dans ce clan oeuvrant chaque jour, donnant de la plume afin qu’il soit reconnu et intégré au sein du Cromlec’h. Tout était à faire, banque, statut, étendard…Le père et la fille se retrouvant au sein d’une chanson, il écrivit, je mis en musique ..

Puis l’idée d’avoir un bateau propre au clan afin de faire du commerce fusa, chacun chercha financement et financiers. Je savais, pour me l’avoir proposé personnellement, qu’un ami le Vicomte de Saint Pardoux vendait le sien. Ce clan était tellement porteur d’une dynamique que je fis les négociations non pas pour moi, mais pour le clan. Le clan prit de l’essor, le nombre des membres augmentèrent.
Puis elle entra !
Ce fut les premiers tiraillements de quelques membres contre la venue de cette personne, on vota pour ou contre son adhésion au sein du clan, ce fut le contre qui l’emporta et pourtant quelques mois après mon frère la fit de nouveau intégrer le clan. Je ne compris jamais sa décision, sachant que nous partirions si elle entrait. Mon mari Viken et moi partîmes du clan.

Les portes nous furent fermées alors que certains fantômes pouvaient encore rôder. Ce fut une fracture familiale à tout jamais…Cela allait engendrer un changement sur le cours de ma vie.

Viken !

Je me souviens de notre rencontre, elle restera gravée à tout jamais dans mon esprit. Mon père venait d’être attaqué par l'armée Leka Evezh dirigée par Leyah, des bretons contre d’autres bretons, jouant des épées un soir de novembre. Mon père, sa compagne Lilith capitaine de Bretagne alors et son bébé furent laissés pour morts gisant dans leur sang dans un fossé. Le pigeon porteur de la mauvaise nouvelle nous trouva à Sainte chez des amis faisant un non-mariage tandis que nous effectuions notre voyage de noce mainte fois reculé par mes activités. Les bagages furent vite faits et nous prîmes la route malgré une pluie diluvienne afin de rentrer en Bretagne au plus vite pour être auprès de mon père.…

C’est au hasard cherchant la chaleur d’un feu afin de sécher nos habits et cherchant de quoi caler nos ventres affamés que je fis sa connaissance à Vannes. Lui au bras de sa compagne cherchait une ville bretonne afin d’y élire domicile, cela devait être Tréguier ce fut Kastell.

Sensible et sur la défensive, il tomba amoureux lors de cette soirée en taverne. Moi préoccupée par les coups d’épées portées à mon père, songeant à mon mari mourant, je ne vis rien. Il fut un réconfort lors du décès de Nekkronn, puis le temps passa. C’est encore en taverne autour de quelques chopes que sa compagne me fit la révélation de son amour…
C’est toi qu’il aime

Il m’aimait depuis toujours. La fin de leur couple, le début du notre. Malgré les détours de nos âmes, Aristote nous réunit au mois d’avril.
La vie ! Le bonheur à l’état pur, tout n’était que joie, tout devenait simple. Le moulin craquait de bonheur, le pigeonnier aussi…Il sera l’homme tant aimé. Entre temps, la famille s’agrandit, mon père épousa sa belle capitaine et des enfants vinrent rapidement compléter ce tableau familial. Titi qui deviendra le frère tant aimé et qui sans aucun doute sera aimé par toute une bretagne.

Puis ce fut notre tour, ces mots résonnent encore…
-C'est merveilleux mon amour ... nous allons avoir un bébé chérie !
Oui un bébé ! Le fruit de notre amour était en route. Un enfant tant espéré un mini Viken et une mini Miss. Tout aurait pu être pour le meilleur du monde, mais la fracture du clan, ses divisions avait mis de la morosité dans ce village qui avait vu ma naissance et Viken s’enferma comme il savait le faire. Il signa dans l’armée de l’Ost à Rohan et la mort dans l’âme je dus faire un choix. Rester au moulin ou suivre mon mari. Ce fut Viken.

Le déménagement n’eut pas lieu tout de suite, la guerre nous rattrapa avant. Il partit un soir afin de rejoindre son régiment basé à Rennes pour la défense de la bretagne. Les ailes du moulin s’étaient arrêtées de tourner sans doute un signe prémonitoire. L’histoire devait écrire que cela serait la dernière vision des ailes du bonheur, un destin noir était en route.
Missanges a écrit:
Naelig !

Au grand dam des Mamettes, je partis enceinte rejoindre mon mari sur les remparts de Rennes et chaque soir main dans la main nous marchions le long de ses pierres afin de traquer l’éventuel ennemi. La guerre avait éclaté autour de notre Bretagne et nous nous apprêtions à entrer dans celle-ci d’un jour à l’autre. Viken ne pouvait partir m’accompagner et je voulais accoucher au moulin.

C’est donc dans ces moments de trouble, que je pris la route seule afin de regagner le moulin. Mon mari était resté dans son armée en défense attendant sa permission. Ce fut au début du mois de septembre au milieu de nulle part entre Rennes et le moulin que je subis les attaques d’un loup. La crinière de Nuage fut rouge comme la mer de mes cauchemars. Il me sauva la vie et celle de mon enfant. Ce fut encore ma monture qui prévint Viken de mes ennuis et les Mamettes averties par celui-ci eurent le temps de venir, me retrouvant épuisée. Toute la fatigue disparut lorsque le corps de ma fille fut contre le mien. Pas longtemps cependant, pas aussi longtemps que j’aurais souhaité, mais exténuée par la fatigue je sentais le sommeil qui m'emportait, il fallait que je me remette selon les dires de mes Mamettes. Rien ne fut plus beau que ce moment là. Nous avions fait un petit être, une continuité de nous...

Afin de me remettre de mon accouchement, nous reprîmes le chemin de Rennes. Une vie à six commença alors. La guerre étant là, les Mamettes reprirent le chemin de Kastell emportant notre bien le plus précieux afin de la mettre à l’abris. Nous parents, appartenions à la bretagne et pour rester bretons il faillait défendre coûte que coûte, malgré ce qu’il nous en coûtait ! Ce fut un déchirement lorsque la carriole partit.
-Prenez bien soin d’elle, prenez bien soin de vous…Ce fut ses derniers mots envers eux.

L’armée devait repartir et le soir sur les remparts les mains posées sur les pierres nous essayâmes de voir Kastell et le moulin, pris tous deux dans notre tendresse envers Naelig, nous ne vîmes pas venir la mort. De sa longue épée un fou ôta la vie de mon mari. Le jour bascula dans une longue nuit.
Je ne sus jamais comment je survécus et pourtant je survécus, sans doute pour elle, notre fille.
Je finis le 41 ème conseil ducal sans savoir comment enchaînant le 42 ème puis le 43 ème, travaillant sans cesse, connétable, prévôt, procurreur, allant du bureau de sage à celui de l’encyclopédie ou dans les différentes fonctions que j’occupais afin de combler ce vide. Ma vie est et sera éternellement pour mon pays la Bretagne.

Pendant mes jours en défense à Rennes, j’écrivis à ma fille sachant pertinemment qu’elle ne savait pas lire mais je savais que les Mamettes feraient la lecture. Puis fidèle au désir de Viken, lorsque je fus anoblie nous déménageâmes pour Rohan. Elle fut à mes cotés lors de mon anoblissement. Pourtant je sentais que quoique je faisais rien n’était assez…

Je fis une fête au manoir et là encore son visage exprima une déception de n’être pas le centre d’intérêt. Voilà en fait c’était cela. Lorsqu’elle ne se retrouvait pas le centre du monde rien n’allait. Pourtant je fis avec, cachant ma peine que cet enfant tant espérée devenait une petite ingrâte au comportement d'enfant gâtée. J’essayais tant bien que mal d’être présente malgré mes activités, lui lisant des histoires le soir. Et oui en tant que mauvaise mère je lisais des histoires le soir à ma fille..

Mais j’avais plutôt percé à jour le caractère de ma fille. En ville elle se permettait de dicter aux grandes personnes ses conditions pour certaines animations, jouant malgré son jeune âge les reprenant par des phrases peu sympathiques et je recevais moi, la mère, des lettres en disant que ma fille y allait fort…

On m’aurait menti à l’insu de mon plein gré ! Serait elle une adulte dans un corps d’enfant…

La parcelle du champ jouxtant le manoir était à vendre je lui achetais, lui faisant un cadeau de 400 écus…Aucun merci. Mais c’est vrai comment une petite fille de trois ans pourrait dire merci à sa mère, c’est sensé ne pas savoir tout cela, mais pour critiquer si…

Mais son mauvais caractère se révéla au pire sans doute au plus fort un soir dans une taverne de Tréguier. Nous faisions un Tro Breizh ensemble mère et fille. Attablée avec le père Pouilloux, à l’époque encore Diacre, alors que nous débutions à peine ce qui aurait pu devenir plus sérieux, je me souviens de ses yeux de ses pensées que l’on pouvait lire sur son visage, le comportement de ma fille fut si méchant envers le diacre, que lui-même avait eu du mal à croire ce qu’il voyait…

Chaque jour nos relations se dégradaient et je ne disais rien. Certaines amies me connaissant venaient me demander ce qui se passait car elle me critiquait sans cesse. Qu’avais je fait finalement pour mériter cela ! Je voyais des enfants de Rohan dont les parents ne s’occupaient pas du tout. Ils ne se plaignaient pas ils existaient par eux mêmes et seuls …

Puis un jour j’appris qu’elle avait fui le manoir sans une lettre, rien, pas un mot d'explication, revendu le champ empoché et gardé les 400 écus et oui on critique mais le beurre et l’argent du beurre on le garde !! Mais ma plus grande tristesse fut sans doute lorsqu’elle fit des critiques sur ma personne au moulin, mon moulin que j’avais tant porté, là aussi c’est toujours plus facile lorsque tout est fait…Mais dans toute cette histoire dramatique c’est toujours elle la victime, moi qui ne la désire plus. Forcement comme c’est facile…

Elle voulait se faire plaindre, j’étais la mauvaise mère, et bien soit qu’il en soit ainsi. J’avais subi trop de malheurs et surtout passé l’âge de tous ces enfantillages.Pourvu qu’elle trouve sa place et qu’elle soit heureuse je n’en demandais pas plus. Ceux qui me connaissaient sauront se faire une opinion.

Pour l’heure je devais faire mes bagages, j’allais emménager à Brest j’avais répondu oui à une demande en mariage…Une autre vie allait s’ouvrir devant moi, différente de celle avec Viken, un autre amour, comme deux amis finissant leur vie côte à côte. Un amour sans doute aussi puissant, réunis par des blessures que l’attention et la délicatesse avaient guéri. Mon corbeau blond sera là pour veiller sur moi et moi sur lui. La vie et la mort réunies.

Le manoir était imprégné d’une faible lueur, chaque caisse était portée avec soin vers différents attelages. Les pièces se vidaient une après l’autre. Mon esprit vagabondait à cette année passait à Rohan, à tous mes amis que j’allais laisser. J’avais aimé cette vie, mais finalement peu m’importait l’endroit où je résidais, j’étais une fille de Bretagne pouvant m’habituer à tellement de choses et d’endroits. Le principal est de rester vraie et de vivre sa vie avec droiture.
-Vicomtesse personne n’a touché à cette pièce, les affaires n’ont pas été emballées ni touchées depuis des lustres on dirait. Je fais quoi ?
Mon regard se perdit dans la direction indiquée par la main tendue, je me dirigeais vers cette pièce.
Missanges a écrit:
Le secret !

Ma main poussa la porte je perçus une sensation bizarre sans doute la peur de découvrir une bestiole dans un coin de la pièce. J’aime pas les bestioles !
Une malle trônait sur les lattes de bois, recouverte d’une épuisette. Un élancement de douleur bondit dans ma poitrine accentuant mes pulsations, ma main se porta sur mon cœur. Des images défilèrent rapidement et je me souvins lors du déménagement que les Mamettes avaient rangé les affaires de Viken dans cette malle, qui était restée là depuis tout ce temps, seule témoin d’une vie riche d’amour.

- Vous pouvez l’emporter aussi, m’effaçant je laissais mon serviteur saisir l’objet. La malle glissa sur le sol, l’épuisette tomba me ramenant à des journées ensoleillées de pêche.
- Non laissez s’il vous plait, laissez-moi un moment je vous prie.

Je m’assis devant ce coffre renfermant un passé, une ancienne vie. Le cœur tambourinant, j’avançais ma main sur la clé rouillée de la serrure. Celle-ci tourna dans une note aigrelette, et j’ouvris la malle. Je fermais les yeux un instant submergée par l’émotion. Un parfum d’iode et de prune titilla mes narines Les yeux clos, une vie remontait en mémoire. Des images dansèrent devant mes yeux. Puis ce fut le toucher, ma main se posa sur du tissu, mes paupières se levèrent son uniforme de l’ost était là, couché attendant sa main…Je retrouvais un tas de souvenirs, des cadeaux de notre mariage, son bonnet de marin lorsqu’il partait pêcher, son pantalon de toile bleu, sa marinière pour affronter les lames de la mer. Je la mis sur mes épaules comme pour me rappeler un passé à jamais éteint. Son carnet d’écritures lui qui aimait tant écrire, je l’ouvris, une esquisse de pigeon montra son bec. Je souris de tendresse cela représentait tant de choses pour nous, une feuille glissa laissant apparaître mon nom…


Citation :
Mon ange, mon cher Ange,

Si tu lis cette lettre c’est que je ne serai plus là, mais parti très loin pour un voyage dont on ne revient pas, un voyage dont on n’a pas décidé du jour du départ.
Tes yeux vont lire incrédules un aveu qui va te paraître incroyable, inimaginable. Ma Missanges, ma tendre épouse toi que j’ai aimée de toutes les fibres de mon être, toi pour qui j’aurai tout donné de moi pour combler ta vie de bonheur, voici que je dois te faire par delà la mort un aveu qui va te saisir.

Je vais te parler de la nuit où tu as mis au monde cet enfant que nous attendions avec tant de joie, cet enfant qui était le fruit de notre amour, son accomplissement.
Souviens-toi mon ange, combien cet accouchement se passa dans des conditions extraordinaires. Toi seule dans cette maison en grande partie en ruine, maison où tu t’étais réfugiée tremblante de peur, de froid, d’épuisement après avoir combattu et tué un loup solitaire. Il avait assailli Nuage le mordant cruellement au poitrail, n’écoutant que ton courage tu t’étais portée à son secours et dans un effort suprême tu vins à bout de l’horrible animal.

Cet effort provoqua les premières douleurs de l’enfantement mais tu sus encore faire face jusqu’à notre arrivée, la mienne et celles des Mamettes.
Le plus difficile mon ange est arrivé quand tu t’es endormie après tant d’efforts et de fatigue, ton visage rayonnait de bonheur. Les Mamettes vaquaient autour de toi. Je vous ai laissé quelques instants savourant mon bonheur sous les étoiles, le cœur plein d’amour pour mes deux femmes, puis je suis revenu vers l’intérieur l’enfant dormait. J’ai cru qu’elle dormait mais elle ne respirait plus, je l’ai prise dans mes bras pour la réveiller, la réchauffer, je suis sorti la serrant contre moi, pleurant, priant. Les Mamettes s’étaient endormies rompues par la fatigue du voyage, les tensions de l’accouchement, j’étais seul désespéré, il allait falloir te faire du mal, je pleurais en serrant le petit corps si fragile entre mes mains de soldat malhabile.

Soudain un bruit me fit relever la tête, les sens en alerte, qui pouvait s’approcher ou quoi ? Nous étions perdus au milieu de nulle part.
Je tendis la main vers mon épée restée près de la charrette, mais une poigne solide me saisit le bras. Je vis alors une silhouette indistincte, un homme, j’allais protester, quand il se mit à parler. Il me dit qu’il ne me voulait aucun mal. Il me parla alors d’une voix remplie de tristesse. Il voyageait avec sa femme depuis plusieurs jours, elle était affaiblie par la fin de sa grossesse, elle avait accouché la veille et était morte, le laissant seul avec une petite fille, l’enfant dormait épuisée par les pleurs car elle n’avait pas mangé depuis sa naissance, il était désemparé, il n’avait rien pour la nourrir elle allait mourir, lui ne pouvait pas subvenir à ses besoins, il n’avait ni force, ni courage, cette enfant avait tué sa mère, sa femme, il n’en voulait pas. Alors je lui ai proposé l’impensable, je lui ai demandé son enfant pour te l’offrir, pour remplacer la nôtre qui ne respirait plus, sans un mot il m’a tendu son enfançone, incrédule, comme halluciné j’ai pris cette enfant, qui ressemblait à notre fille, le laissant prendre la notre, il m’a dit qu’il allait prendre soin de son petit corps, il allait le déposer contre celui de son épouse. Je ne pouvais laisser notre fille partir ainsi, j’ai détaché ma médaille, celle de mon baptême celle ou nous avions gravé au dos nos noms dans un cœur. Elle avait ainsi Aristote avec elle. Mon ange notre enfant est enterré auprès du seul chêne devant cette bâtisse qui vu notre bonheur et notre malheur. J’ai su plus tard que l’homme s’était donné la mort ne supportant pas la douleur.

C’est ainsi ma tendre épouse que je t’ai menti durant les jours qui suivirent, les mois, mais tu étais si rayonnante, une mère si attentive, je n’avais pas d’autre issue que de taire ce secret... Mon amour, mon ange, ce fut le seul mensonge qu’il y eut entre nous, il fut motivé par l’amour que je te portais, ne pleure pas ma douce femme, souviens-toi seulement que je t’aimais au-delà de tout. Lorsque tu liras cette lettre je serais en paix.
Je t’aime mon ange.
Ton Viken
.

Je poussais un hurlement dont l’écho se propagea dans tout le manoir, chaque pièce sembla craquer. Les bras repliés sur la malle le corps secoué de tremblements je hurlais ma douleur et pourtant une partie de moi semblait être en paix. Tout au fond de mon âme j’avais la sensation de l’avoir toujours su cette enfant ne pouvait pas être la notre.
Rien !
Elle n’avait rien de nous, ni de moi ni de Viken, j’avais supporté cet enfant, ses médisances pour rien.
Elle n’était pas ma fille.
Ma douce Naelig était morte depuis longtemps. Rampant contre le mur de la pièce, je laissais aller ma peine.
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